Qu’est ce que la Psychosomatique?

1- C’est psychosomatique !

Vous avez tous déjà entendu cette expression. « C’est psychosomatique ! » C’est ce que votre médecin vous dit lorsqu’il s’aperçoit que le traitement qui fait de l’effet sur les autres, n’en fait plus sur vous. Il comprend qu’il y aurait dans votre état, d’autres facteurs que les causes médicalement connues, et que vous auriez intérêt à aller voir un psy, pour voir si il y aurait des souffrances plus profondes. Vous avez alors subitement l’impression qu’il vous prend pour un fou ou un menteur, parce que vous, vous savez bien que vous avez vraiment mal dans votre corps et que votre médecin devrait vous soigner. Le psy de son côté, vous dira qu’il ne soigne pas les maladies et vous proposera de parler justement de ce que vous préférez cacher soigneusement. Vous vous sentez incompris, abandonné à votre triste sort, et surtout victime d’un mal insoignable, et cela vous est insupportable. Alors, comment sortir de l’impasse ?

Tout d’abord, si c’est « psychosomatique », ce n’est pas non plus dramatique, puisque toutes les maladies de toute façon, sont psychosomatiques. Mais enfin, qu’est-ce que ce mot Psychosomatique, signifie?

La psychosomatique, qui vient de psyché qui désigne l’esprit, et de soma, qui désigne le corps, est tout simplement une approche de l’être humain dans sa globalité corps-esprit. La psychosomatique propose de rassembler médecins spécialistes du corps et psychologues spécialistes de l’esprit, pour se pencher non plus sur un corps sans tête ou une tête sans corps, mais sur une personne dans toutes ses dimensions physique, psychique et environnementale.

2- La psychosomatique, une vieille histoire

Cette conception globale de l’être humain n’est pas nouvelle. C’est même la plus ancienne conviction humaine et la plus répandue, puisque depuis l’ère paléolithique, des millions de chamans invoquent les esprits pour soigner les corps. Selon ces sages anciens, la maladie est considérée comme une rupture d’équilibre entre le corps et l’esprit ou entre l’être humain et son environnement, et la guérison consiste à rétablir l’harmonie perdue entre ces trois instances. Pour être en bonne santé, il s’agissait de veiller à conserver l’harmonie entre le corps, l’esprit et l’environnement.

Cette tradition orale s’est propagée au fil des siècles en évoluant à travers une branche tantrique en Inde à l’origine de la médecine ayurvédique, et une branche taoïste en Chine, à l’origine de la médecine chinoise qui subsistent encore aujourd’hui. En occident et plus particulièrement en Grèce, les premiers philosophes commencèrent à remettre en question la sagesse ancestrale pour établir des vérités scientifiques.On cherchait à définir des lois objectives, vérifiables et reproductibles sur tous.

Or l’esprit humain ne se laisse pas appréhender aussi facilement et ses mystères découragèrent vite les médecins qui, pour des raisons pratiques, décidèrent de se focaliser désormais sur l’étude des seules maladies et pathologies qualifiées de scientifiques, laissant les troubles de l’esprit, insondables et surtout non reproductibles d’une personne à l’autre aux philosophes. En occident et plus particulièrement en Grèce, les premiers philosophes commencèrent à remettre en question la sagesse ancestrale pour établir des vérités scientifiques. On cherchait à définir des lois objectives, prouvées par les statistiques et reproductibles. La médecine des malades destinée à améliorer le bien-être de l’être humain fut ainsi remplacée par une médecine des maladies focalisée sur le seul corps.

La médecine évolua ainsi au fil des siècles en fonction des découvertes anatomiques, cherchant à expliquer toutes les maladies de façon biologique et fonctionnelle. De nombreux médecins rapportèrent des observations évoquant des relations étroites entre l’état émotionnel et l’évolution des maladies.

On constatait par exemple sans pouvoir vraiment l’expliquer, que les personnes joyeuses et optimistes étaient en meilleure santé que les personnes déprimées. Au début du vingtième siècle, un certain médecin neurologue viennois du nom de Sigmund Freud se pencha sur le problème de l’hystérie. Il s’agit d’une maladie se manifestant par des convulsions, que Jean Martin Charcot parvenait à soulager par hypnose. La preuve des interactions entre le corps et l’esprit étant faites, il restait à expliquer le processus. Freud proposa alors des modèles de structure de l’appareil psychique pour essayer de rendre compte des phénomènes observés, et demanda à ses successeurs tels que Ferenczi d’en apporter les preuves biologiques.

3 – Une nécessaire collaboration entre médecins, psychanalystes et scientifiques.

Ce grand mystère des relations corps-esprit passionna de plus en plus de chercheurs. D’un côté les médecins cherchaient à mieux comprendre les causes des maladies, de l’autre, les psychanalystes cherchaient à décrire les phénomènes énergétiques internes provoqués par les émotions. De nombreuses hypothèses en Europe puis aux Etats-Unis se succédèrent ainsi au fur et à mesure de l’avancée de la science.

En France, Pierre Marty propose la notion de dépression essentielle pour désigner la perte d’énergie vitale qui peut se produire chez les personnes particulièrement fragilisées par leur histoire et en proie à un stress continu ou intense. Cette dépression essentielle, signant un épuisement progressif de la personne, expliquerait l’affaiblissement des défenses immunitaires de l’organisme, favorisant ainsi le développement des maladies.

Pendant ce temps aux USA, Cannon, professeur de physiologie et Selye, plus connu sous le nom de « Père du stress » démontraient en observant le comportement des annimaux, la théorie du stress. Dans une situation de danger, l’organisme réagirait automatiquement par un comportement de combat ou de fuite. On observe en effet dans ce cas une stimulation à la fois musculaire et cérébrale permettant de se battre ou de courir très vite pour échapper au danger. Les analyses biologiques indiquent une sécrétion d’adrénaline et de cortisol qui, en puisant dans les réserves de l’organisme pour faire face à l’urgence, finissent, si la situation est trop violente ou prolongée, par conduire à l’épuisement puis à la maladie. Les scientifiques américains, dits comportementalistes ont ainsi démontré l’impact du stress sur l’organisme et prouvé scientifiquement ce que les anciens savaient intuitivement : La maladie est une rupture d’harmonie entre le corps, les émotions et l’environnement.

Cette découverte fondamentale a servit de base à de nombreux médecins pour chercher à relier chaque maladie à une émotion particulière. Ils parlèrent de « maladie psychosomatique » pour désigner certaines affections qui seraient dues au stress, séparant celles-ci des autres maladies demeurées strictement physiques.

La recherche de cause à effet directe entre émotion et symptôme a rapidement été abandonnée lorsque l’on s’est aperçut que les symptômes n’avaient pas tous la même signification chez les personnes étudiées. Ce qui donne mal à la tête à certains, n’est pas ce qui donne mal à la tête aux autres, car chacun a ses propres souffrances liées à son histoire et à ses conditions de vie spécifiques. On s’apperçoit donc que chaque cas est unique et que la psychosomatique n’est pas si simple.

Dans les années 1990, les progrès technologiques de diagnostic et d’imagerie comme le scanner et l’IRM par exemple, permirent à une nouvelle science : les neurosciences d’étudier ce qui se passe dans le cerveau pour tenter de démystifier les relations entre le corps et l’esprit. Descartes ne croyait absolument pas à une relation corps-esprit parce que pour lui, la pensée immatérielle et le corps matériel n’étaient absolument pas compatibles. Damasio, démontre l’erreur de Descartes en décrivant le fonctionnement du système limbique, une petite structure sous-corticale impliquée dans les apprentissages, les émotions et les comportements. Le système limbique serait le lieu mystique de la fusion du corps matériel avec l’esprit immatériel.

Les thérapies brèves orientées vers la solution qui virent le jour dans l’école de Palo Alto en Californie à partir de 1960, apportèrent aussi leur contribution, en vous faisant réfléchir sur le sens des maladies, notamment sur le fait que vous ne seriez pas les victimes passives de votre maladie, puisque celle-ci est reliée à des émotions qu’il vous appartient de guérir pour aller mieux. La maladie en indiquant l’existence de souffrances profondes à guérir, vous invite à changer quelque chose en vous ou autour de vous pour favoriser votre guérison. Elle devient ainsi un moteur de développement personnel et une opportunité de mieux-être. Grâce à l’éclairage de la psychosomatique, la maladie change de visage. Elle n’est plus cette fatalité qui s’abattait sur vous injustement, puisqu’elle a désormais un sens, celui de vous guider vers un mieux-être profond.

4 – Corps-esprit, une relation fusionnelle

Alors, que se passe-t-il donc dans ce système limbique ? Quels secrets ce corps matériel et cette pensée immatérielle, peuvent-ils bien se souffler pour jouer ainsi avec votre forme et vos humeurs ?

Ce système limbique est un ensemble de petites structures qui gardent précieusement en mémoire les expériences aussi bien joyeuses que douloureuses de votre passé. Toutes les expériences vécues depuis les premières années de votre vie vont être enregistrées dans votre mémoire inconsciente d’autant plus que ces expériences ont été chargées d’émotion positive ou négative. Ces expériences du passé qui dépendent de votre histoire, de votre propre interprétation de la réalité et de celle donné par vos parents, forment votre référentiel personnel, à partir duquel les évènements du présent vont apparaître soit dangereux, soit bénéfiques à votre bien-être. C’est un système binaire qui résonne suivant deux systèmes : l’alerte en cas de danger et la récompense en cas de plaisir.

Si l’événement qui arrive est jugé agréable par votre référentiel, le système de récompense est activé et vous secrétez des hormones de plaisir comme les endorphines, qui sont puissamment antidouleur, la dopamine qui vous euphorise, ou la sérotonine qui vous détend. Ces hormones s’opposent aux méfaits du stress et vous procurent des sensations de plaisir. Lorsque en revanche les évènements qui arrivent vont être jugés dangereux pour votre équilibre, le système d’alerte est activé. Des sensations désagréables de peur vont conduire à la sécrétion d’hormones dites de réponse au stress comme l’adrénaline et le cortisol qui vont stimuler votre système nerveux et musculaire pour vous défendre efficacement. Vous allez par exemple avoir le cœur qui bat, transpirer, avoir envie de courir ou de vous battre, crier, ou réfléchir rapidement à la meilleure défense possible.

Ces réactions automatiques sont destinées à assurer votre survie. Mais si la situation stressante est trop intensive ou prolongée, ces hormones qui puisent dans vos réserves tissulaires et énergétiques, vont finir par épuiser votre organisme qui va manifester des signes de faiblesse. Le système immunitaire en particulier qui veille sur vous en éliminant les bactéries, virus et autres cellules anormales, est défaillant et laisse se développer des infections ou des cancers. Vous pouvez ressentir clairement des émotions de colère ou de peur, ou bien simplement des symptômes physiques dans la partie la plus fragilisée de votre corps, soit par votre passé, soit par votre activité physique ou professionnelle.

Vous allez par exemple avoir des contractures dans les muscles du dos, des maux de ventre, des maux de tête ou des problèmes cardiaques. Ces symptômes physiques sont le signe d’un état de stress prolongé ou intense qui a réussit à déséquilibrer votre organisme. La zone de votre corps qui manifeste une douleur ou un dysfonctionnement à la suite d’un stress, est appelée zone cible. Elle vous parle avec ses maux pour vous dire Stop.

5 – Les symptômes, indicateurs de stress

A la lumière de toutes ces récentes découvertes, on peut conclure maintenant que les symptômes et maladies ne sont donc pas des absurdités de la nature mais des signaux d’alarme que votre corps émet pour vous protéger. Lorsque vous allez écouter votre corps et entendre ces indicateurs de stress, vous comprendrez que vous devez tout mettre en œuvre pour faire face à la situation difficile qui se présente et changer quelque chose en vous ou autour de vous pour aller mieux. Ce ne sont d’ailleurs pas les problèmes en eux mêmes qui vont vous rendre malade, mais surtout la façon dont vous les interprétez en fonction de vos expériences passées. Dès que votre zone cible manifeste une fatigue, une douleur ou un dysfonctionnement, c’est le signe que vous devez soit ralentir le rythme, soit trouver des solutions efficaces à votre problème.

Si les maladies sont du ressort de votre médecin, votre santé et votre bien-être sont de votre propre ressort, car vous seul pouvez connaître ce qui se joue dans les coulisses de votre inconscient et qui vous fait soit souffrir avec des sensations désagréables, soit jouir de la vie avec des sensations agréables.

La psychosomatique, c’est finalement, réaliser que vous n’êtes pas victime de vos maladies, mais acteur de votre santé.

 © 2016. Propriété de Geneviève Choussy Desloges. Tous droits réservés.

 

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